| Dénivelé : environ 100 mètres | Durée : 1 à 2 h | Difficulté : Très facile |
C'est un temps gris qui nous attend dans l'après midi. Nous décidons de rendre une petite visite au fort Victor-Emmanuel, à Aussois. Le fort Victor-Emmanuel, altitude : 1350 mètres, est l'un des cinq forts de la Barrière de l'Esseillon en Maurienne. Chacun de ceux-ci est construit avec des étages casematés (plafonds voûtés pouvant résister à la bombe). Le fort Victor-Emmanuel est le plus importants des ouvrages. L'étude et la construction de la Barrière durèrent de 1817 à 1833. Les autres forts sont :
- Fort Charles Félix
- Fort marie Christine
- Fort Charles-Albert
- Fort du Sapey
Cette vieille forteresse est assez impressionnante lorsque l'on y passe à son pied, sur la route qui traverse la vallée de la Maurienne. Cette visite devrait amuser les enfants. De plus, un pont avec un nom prometteur, le pont du diable, permet de traverser l'Arc tout en le surplombant.
Ne sachant pas à quelle sauce la météo allait nous manger, nous avons pris le partie d'accéder au fort par le nord, en arrivant par le village d'Aussois. Un petite route descend depuis le Fort Marie Christine jusqu'au fort Victor Emmanuel et conduit à un parking. La visite des vestiges peut commencer. Il n'y a pas de mobilier et pas mal de bâtiments commencent à tomber en ruine malgré la volonté de restaurer certaines parties.
Conçu pour accueillir une garnison de 1500 hommes, le fort n'est pas seulement un site militaire, il est également un lieu de vie. Sur 100 mètres de dénivelé, ses dix bâtiments superposés s'organisent en 3 parties :
- Le fort militaire
- Les casernements
- Le pénitencier
La visite se fait sans explication. Quelques panneaux sur les bâtiments indiquent laconiquement devant quels bâtiments nous nous trouvons ; pas d'histoire affichée, pas d'anecdote. Les enfants partent dans tous les sens. La visite est longue car il y a de nombreux bâtiments. Pour ma part, le plus surprenant reste les batteries basses. Déjà la descente en escalier fait penser à une descente au centre de la terre puis, les plafonds des salles en bas sont recouverts de stalactites calcaires. C'est d'ici aussi que partent des voies Ferrata.
Notre troupe se regroupera au pont-levis pour descendre vers le pont du diable, enfin le nouveau car l'ancien a été détruit. Le chemin descend rapidement sur un dénivelé assez important mais court. En quelque minute, nous parvenons à ce pont. Celui-ci est bien stable et il est moins spectaculaire que la passerelle d'Holzarte dans le pays basque. En contre-bas, l'arc s'écoule doucement sous le pont.
Pour revenir, nous prendrons le même itinéraire en traversant, plus rapidement, le fort. Le tout aura duré environ 2 heures. Et l'après midi, ce sera un orage de grêle au programme qui nous contraindra à rentrer plus tôt !
Les principes du système Montalembert
Le système du général marquis de Montalembert (1714-1800) peut se résumer en quatre principes :
1 - Jusqu'alors, les forts vaubaniens ne permettaient, essentiellement, à partir des angles saillants et rentrants des bastions et courtines, que des tirs obliques et non concentrés. Par ailleurs, les pièces d'artillerie à découvert pouvaient être prises en enfilade. Montalembert préconisa des forts se présentant de front, face à l'ennemi ; ils prirent alors une forme polygonale de façon à permettre des tirs perpendiculaires sur les fronts ennemis quel que soit le côté attaqué. Cela autorisait un meilleur tir avec un plus grand nombre de feux dans un espace restreint. A l'Esseillon, l'exemple type est le fort Marie-Christine qui est un hexagone régulier.
2 - Les forts ressemblent à des tours à canons ayant les batteries de tir disposées à l'image de celles des vaisseaux de guerre à plusieurs ponts de l'époque. L'esprit est toujours d'obtenir une grande puissance de feu au mètre linéaire. Il en est ainsi avec les batteries basses du fort Victor-Emmanuel. La batterie inférieure présente cinq embrasures de tir. Au-dessus, sur la terrasse crénelée on peut mettre en batterie cinq autres pièces. Encore au-dessus, le bâtiment permet la mise en place de cinq pièces casematées et cinq pièces sur la terrasse après avoir enlevé la toiture démontable. Au total, vingt pièces permettent d'obtenir dans la même direction un feu concentré.
3 - Les pièces d'artillerie sont le plus souvent logées dans des abris casematés pour protéger les hommes et le matériel des tirs des attaquants. En montagne, s'ajoutent les effets des tirs dominants. Dans le fort Marie-Thérèse 25 pièces sur les 88 postes de tir sont des positions casematées ; sur l'ensemble de la Barrière, 54 postes de tir d'artillerie sur 130 le sont.
4 - Enfin, dernier principe, la Barrière n'est plus constituée par un fort unique aussi puissant soit-il comme celui d'Exilles en vallée de la Doire Ripaire, mais par un chapelet de forts se protégeant les uns les autres.
