|
Ce jour, la météo s'annonce peu clémente dans le coin. Pour nous mettre à l'abri et ne pas perdre une journée, nous décidons de faire un tour aux gorges du Pont du Diable puis de continuer pour aller à Thonon les Bains sur les rives du lac Léman. Le trajet en voiture permet de traverser une partie du Chablais. Nous passons dans quelques villages au nom bien connu : Les Gets, Morzine ; d'ailleurs les routes portent encore les traces du passage du tour de France ; puis nous arrivons aux gorges du Pont du Diable. C'est une configuration originale qui fait l'intérêt principal de ces gorges : la vallée, très encaissée au niveau du barrage du Jotty, se termine par une fissure étroite, profonde et en partie souterraine. La rivière, la Dranse de Morzine, s'est heurtée à cette barre calcaire. La balade commence à travers une magnifique forêt de hêtres, semblable à celle que nous avons vue à Sixt Fer-à-Cheval. Elle se poursuit quelques 70 mètres plus bas, par un aménagement ancré dans la roche. C'est ici que débute réellement la visite, en compagnie du guide. Un premier escalier traverse un chaos d'énormes blocs encastrés entre les parois. La Dranse coule à près de 50 mètres sous nos pieds. Les parois se déploient comme d'immenses draperies et les marmites de géants, creusées par les tourbillons du torrent, renforcent le caractère extraordinaire des lieux. Tout au long du parcours, l'érosion a produit des sculptures dans le marbre gris. Les ruissellements l'ont recouvert de dépôts colorés et sur lequel le soleil (lorsqu'il arrive à pénétrer) fait refléter différentes couleurs. Ces gorges étaient à l'origine un lit souterrain creusé par des eaux infiltrées. Le chaos qui en obstrue la partie supérieure provient de la dislocation de sa voûte. Autre vestige de cet effondrement, un bloc isolé qui forme le pont du diable, à plus de trente mètres au-dessus du torrent. Ce nom provient des croyances et peurs obscures des temps plus anciens lorsque le diable faisait partie de la vie quotidienne. Ainsi d'autres lieux évoquent Lucifer : Rocs d'Enfer, Terres maudites, Diablerets. Au fil du temps et des évolutions, ces gorges prendront un aspect plus touristique. C'est en 1892 qu'un menuisier obtient l'autorisation de construire un escalier de bois avec supports de fer pour permettre la visite des Gorges du pont du Diable. Au fil du temps, les aménagements se poursuivent avec l'aide d'un forgeron et d'un tailleur de pierre. Pour travailler, pas d'échafaudages, mais des cordes et des échelles pour évoluer au dessus du torrent. En 1909, ce pionner meurt, sans avoir fait fortune et personne ne prend la suite. C'est un maître d'hôtel qui propose de reprendre l'exploitation et cela jusqu'en 1934 où il cèdera le bail à Jean Raibaud, ingénieur en construction métallique, reconverti au tourisme. En 1936, les premiers congés payés vont profiter aux gorges puisque c'est plus de 6000 visiteurs qui se promèneront au fond de la Dranse. La guerre interrompra l'exploitation du site. En 1950, la société des Gorges du Pont du Diable se crée. En 1968, une crue détruit une partie des aménagements qui seront restaurées pour permettre au public de continuer leur visite et donc, la notre. Bon ! Pas de grande surprise, mais il est toujours agréable de se promener dans des décors rares. Il est évident que le débit faible rend la visite moins attrayante et que les grandes eaux du printemps sont autrement plus spectaculaires. Puis lorsque la visite est terminée, direction Thonon les Bains. Les filles ont hâte de voir ce lac qui ressemble à une mer :-) Hélas, une fois sur place, la pluie est aussi au rendez-vous. Nous arrivons après 12 heures ce qui rend la circulation plus aisée. C'est qu'il n'est pas facile de se déplacer dans une ville inconnue. Direction le port pour essayer de trouver une place de parking. C'est ce que nous ferons près de l'hôtel de ville. Le repas sera pris sur un belvédère, en face de nous, le Léman, le Port de Thonon. Puis, nous marchons le long de la place du château, là où s'élevait le château des Ducs de Savoie et détruit par les français en 1589. C'est la statue du Général Dessaix qui occupe le centre. Ensuite, nous empruntons la rue piétonne. Vu l'heure, l'affluence n'est pas nombreuse et les magasins ouverts non plus. Le temps médiocre n'incite pas à la flânerie. Nous regagnons rapidement la voiture puis nous reprenons le chemin du retour en faisant un crochet vers Annemasse. |