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Voici une randonnée sans un grand dénivelé mais dans un coin admirable. Hélas, quelques nuages ne nous permettront pas de profiter pleinement du décor. Chacun de nos pas s'effectue sous le regard de la Dent Parrachée (3531 mètres) et des glaciers étincelants de la Vanoise d'où émergent le dôme de l'Arpont (3576 m) et le dôme de Chasseforêt (3586 m). La balade est accessible à tous. La seule difficulté reste le hors piste mais comme c'est une sortie "classique" pour les randonneurs, le chemin est facile à suivre. Pour se rendre au lieu de stationnement, vous devez vous rendre à Termignon. Puis à la sortie de Termignon, direction Lanslebourg, sur la gauche, la route vers Bellecombe (12 Km) est bien indiquée. La route est assez large, contrairement à d'autres routes de montagne. Elle est assez fréquentée car elle conduit vers des lieux magiques, et des randonnées mémorables. De plus, un parc aventure propose aux Indiana Jones en herbe de venir se prouver leur témérité. Cela explique le rassemblement de véhicules que vous rencontrerez. Vous continuez ; la route commence à s'élever fermement. Puis, environ 7 Km après avoir emprunté la route, vous parvenez à une épingle et sur votre droite le parking de Coêtet. Il est nettement indiqué, pas de risque de vous tromper. Vous êtes à 2059 mètres. Les chaussures sont chaussées, les sacs resserrés et nous voilà partis pour la première vraie randonnée des vacances. Nous traversons la route pour rejoindre le sentier qui s'échappe par la gauche. Le refuge du lac Blanc, premier lac sur notre parcours, est annoncé pour 1 heure. C'est le temps qu'il nous faudra puisque sur le chemin, les fleurs ne tarissent pas de couleurs comme ces Lys Orangés magnifiques. Quelques marmottes et surtout les marmottons peuvent provoquer aussi quelques ralentissements. Le sentier traverse une pente herbeuse pour conduire à un vallon qui contient le lac blanc. Nous laissons sur notre droite le chemin du refuge pour continuer tout droit. Avant de parvenir au lac blanc, sur la gauche, un petit lac, le lac de lait. Il faut faire vite avant qu'un nuage de brouillard ne s'abatte dessus et lui donne une impression de lac écossais dont on s'attend à voir surgir la tête de Nessie. Le lac blanc est là et en face la dent Parrachée... Enfin là où elle devrait être puisque c'est plutôt un gros nuage qui pour l'instant occupe les lieux. Nous patientons quelques instants mais seule la tête daigne nous montrer son sommet enneigé. Tans pis, nous devons continuer et le reste du parcours nous donnera l'opportunité de la voir. Nous longeons la rive gauche du lac. A son bout et à ses pieds les gorges du Doron, 400 mètres plus bas. Le lac Blanc se trouve à 2246 mètres et le dénivelé franchi est de 200 mètres. Nous continuons en direction du nord pour rejoindre les lacs de Bellecombe. La piste est marquée par la multitude de randonneurs et de promeneurs qui l'emprunte. Il faut rester près des gorges du Doron et rester du côté ouest de la barre rocheuse. Sur votre gauche les glaciers rafraîchissent (un peu trop ce jour là) le vent inévitable à cette altitude. Avant de parvenir aux lacs de Bellecombe, nous rencontrons un petit lac qui commence à être envahi par les plantes. Puis, les lacs de Bellecombe apparaissent dans leur écrin. Nous sommes à 2414 mètres et en face, plein ouest, le dôme de Chasseforêt. Nous continuons vers le nord. Le sentier dodeline dans la verdure. Il se fait moins marquer et il faut rester attentif pour ne pas se faire embarquer vers la droite. Nous essayons de conserver un trajet rectiligne. Nous rencontrons un ancien lac, asséché puis plus loin dans un creux, le lac du lait ou le lac de la fontaine froide ou encore lac à limnées. Le lac est peu profond. Il est suspendu au bord des gorges du Doron. Je me rends à son extrémité pour voir ces gorges et pour prendre des photos. Des lagopèdes s'envolent à mon approche. Un signe de la tranquillité des lieux. Il faut maintenant rejoindre le refuge du Plan du Lac. Il se trouve à l'est et pour le repérer aisément, l'idéal est de monter sur une butte. Si vous ne le voyez pas, vous apercevrez la route qui y conduit. Au refuge, nous trouvons une table d'orientation mais aussi un panneau descriptif sur les glaciers dont je vous retranscris les textes, plus bas dans la page. Nous prenons la direction du parking en empruntant un sentier parallèle à la route. Nous apercevons la navette que nous emprunterons un autre jour. Nous parvenons au lac du Plan du Lac, tout en longueur. Le décor est toujours somptueux mais les jambes commencent à se faire lourdes. Nous continuons et nous parvenons au parking de Bellecombe. Nous poursuivons dans les alpages, les fleurs, les marmottes. La dent Parrachée, maintenant découverte, nous surplombe. En face de nous, la frontière italienne et sur la droite, au loin, les aiguilles d'Arves. Puis nous traversons la route pour la première fois. La quatrième fois, nous restons sur la route pour rejoindre la voiture. Les différents types de glaciers Les glaciers de la Vanoise qui s'étendent de la Dent Parrachée à la Pointe de la Réchasse comprend différents types de glaciers :
L'héritage glaciaire Le paysage que nous avons sous les yeux a été marqué par la dernière période de glaciation (-80 000 à - 10 000 ans). En effet, un énorme glacier où seules les crêtes rocheuses dépassaient remplissait alors les vallons de la Rocheure et de la Leisse. Il recouvrait le plan du lac. Au refuge du plan du lac, nous serions sous une couche de glace de plusieurs centaines de mètres. L'influence de la géologie La nature géologique des roches, plus ou moins sensibles à l'érosion par le glacier, a produit ce contraste paysager entre le replat plus résistant de Plan du Lac (emplacement du refuge) et les vallons de la Rocheure et de la Leisse aux versants escarpés "taillés" dans des matériaux plus tendres. La grande Casse doit d'ailleurs son nom à ses tabliers d'éboulis calcaires. Des milieux très diversifiés Dans ces milieux de haute montagne se sont développés des écosystèmes très particuliers. Les falaises et les rochers accueillent le gypaète barbu. La pelouse et la lande alpine abritent le lagopède. Cette couverture végétale rase est liée à une adaptation des plantes aux conditions climatiques difficiles de la haute altitude. C'est un milieu très fragile : n'empruntez que les sentiers balisés pour éviter la création de nouvelles zones d'érosion. Les glaciers, témoins des évolutions climatiques Depuis la fin du "petit âge glaciaire alpin" vers 1850, les glaciers reculent. Ce retrait, qui va en s'accélérant, est visible dans le paysage avec des moraines complètement déconnectée des glaciers, par exemple. De l'abandon par la glace à la colonisation par les plantes Les espaces délaissés par la glace sont très lentement colonisés par quelques espèces pionnières qui se contentent d'un sol pauvre et froid :
Les clochetons de Lanserlia Les "clochetons de Lanserlia" ne doivent rien à l'activité humaine, mais leur aspect évoque un édifice religieux abandonné. On parle d'ailleurs de relief ruiniforme. Avez-vous repéré dans le paysage un indice de cette dégradation qui se poursuit encore aujourd'hui ? Ce sont les talus d'éboulis issus du morcellement des "clochetons". Composés de calcaires en feuillets, ces derniers sont en effet très sensibles au phénomène du gel/dégel qui les délite. Le glacier rocheux Les "bourrelets" formés par la pelouse alpine trahissent la présence d'un phénomène étonnant. Sous cette couche de débris et de pelouse se cache en fait un type particulier de glacier ! Ces "Bourrelets" concentriques sont produits par la mise en mouvement d'une masse de pierraille rendue visqueuse par la glace qu'elle contient. Ce glacier rocheux a pour origine des infiltrations d'eau et de neige fondue suivies d'un regel dans les éboulis. |